L’UNSA a lu une déclaration au Conseil d’administration du Cerema qui s’est tenu le 17 avril 2019.
Mesdames et messieurs les administrateurs,
Pour le Cerema, les budgets se suivent et se ressemblent...
Ignorant l’urgence climatique et la demande sociale croissante pour la préservation de la planète et de ses ressources naturelles, faisant abstraction de la fracture sociale et territoriale et du besoin avéré d’ingénierie et d’expertise publique, l’État continue d’infliger de grands coups de rabot aux moyens du Cerema fragilisant année après année ses compétences et sa capacité d’expertise transversale et opérationnelle.
Pour 2019, la subvention pour charges de service public se verra ainsi une nouvelle fois amputée de 4,6 millions d’€ passant de 204,2 M€ à 199,6 M€, les autorisations d’emplois passant quant à elles de 2712 ETP en 2018 à 2630 ETP entraînant une perte d’au moins 82 postes.
En dépit de l’équilibre précaire imposé à l’établissement depuis sa création, d’une année 2017 tumultueuse, des perspectives incertaines et des conditions de travail dégradées par de nombreuses vacances de postes et le manque d’attractivité du Cerema, les agents, conscients de l’utilité sociale de leurs missions et attachés à les mener à bien, n’ont jamais jeté l’éponge, ni ménagé leurs efforts pour maintenir le navire à flot.
En témoignent les résultats financiers de 2018 avec des dépenses inférieures de 2,7 M€ et des recettes supérieures de 1,1 M€ aux prévisions, générant un solde budgétaire positif de 3,5 M€ en lieu et place du solde prévisionnel de –250 k€.
De ces bons résultats et de tous les efforts engagés quotidiennement pour les obtenir, le personnel n’en aura pas vu la couleur puisque 2018 aura encore rimé avec jour de carence, gel indiciaire et indemnitaire pour de très nombreux agents.
Quelles mesures budgétaires pour les personnels qui n’ont pas démérité et à qui on va demander d’intensifier leurs efforts pour compenser les diminutions d’effectifs et atteindre les objectifs de ressources propres en progression de 12% pour cette année ?
L’UNSA revendique des revalorisations indemnitaires dès 2019 pour tous les personnels, un doublement du budget de l’action sociale (actuellement à 0,5% du budget de l’établissement) et de l’indemnité kilométrique vélo.
Ces résultats financiers exceptionnels viendront en partie abonder un budget d’investissement moribond et bien inférieur aux besoins, au vu de l’héritage laissé par l’Etat au Cerema: matériels vieillissants parfois à bout de souffle et locaux ayant souffert d’un sous-investissement chronique pendant des décennies.
Il est urgent de dégager des moyens financiers pour améliorer les performances thermiques de nos bâtiments afin d’améliorer le confort des personnels, de réduire nos consommations d’énergie et nos coûts de fonctionnement et de faire preuve d’exemplarité en la matière.
Avenir du Cerema :
Quant à Cerem’avenir, démarche de transformation de l’établissement, nous aimerions y voir la promesse d’un futur meilleur pour l’établissement et ses agents. Sa présentation résolument optimiste et volontariste pourrait nous le laisser croire. Mais ce serait oublier que ces orientations sont d’abord guidées par la trajectoire plongeante des effectifs et des moyens, et qu’avec 300 emplois supplémentaires supprimés d’ici 2022, il devient quasiment impossible de s’adapter au jour le jour comme nous l’avons fait jusqu’à présent.
Cerem’avenir rimera donc avec diminution et abandon d’activités, polarisations, spécialisations et mutualisations... La baisse d’activités pour le compte de l’État pour compenser l’augmentation de celles au profit des collectivités, les suppressions d’activités dans certains domaines se feront nécessairement au détriment de l’environnement, des territoires et de leurs habitants.
Pour les agents, la réorganisation fonctionnelle et territoriale des activités techniques, la polarisation des activités du support (fonction financière, informatique, communication...), les changements d’outils, de procédures signifieront perte de repères mais également pour nombre d’entre eux, repositionnements, dégradation des conditions de vie professionnelle et personnelle allant jusqu’à des mobilités contraintes.
Une subvention ministérielle qui à très court terme ne couvrira plus l’intégralité des dépenses de personnel contraint l’établissement à une course permanente à l’augmentation de ses ressources propres (objectif d’augmentation de +42% d’ici 2022).
Pour l’UNSA, cette approche mercantile de l’activité n’est pas compatible avec les valeurs de service public (indépendance, neutralité) pour lesquelles notre établissement est reconnu et qui le distingue de ses « concurrents » potentiels. L’indépendance et la neutralité constituent la vraie valeur ajoutée du Cerema et tout doit être mis en œuvre pour les préserver.
Par ailleurs, la nécessité d’assurer des rentrées d’argent pour assurer sa survie conduira nécessairement l’établissement à privilégier des bénéficiaires aisés au détriment de ceux qui auraient le plus besoin de ses compétences sans avoir les moyens suffisants pour les financer.
Pour mettre plus largement ses compétences au service des collectivités, le Cerema se heurte à la complexité des modes de contractualisation avec celles-ci.
Où en sont les discussions sur le sujet du in-house qui pourrait permettre au Cerema de mettre ses compétences au service des collectivités sans perdre un temps et une énergie précieuse dans la réponse à des appels d’offres parfois sans résultat ?
Par ailleurs, l’UNSA vous met en garde contre la tentation de la poursuite du repyramidage qui pèse sur la masse salariale et l’illusion d’une « expertise de 2ème niveau » autoporteuse. Dans de nombreux domaines, l’expertise nécessite l’intervention complémentaire d’agents de différents niveaux de technicité pour réaliser des opérations basiques (essais, mesures…) et d‘autres plus complexes (exploitation des résultats, analyse…).
Enfin, en matière de déplacements, qui constituent une composante importante de l’activité du Cerema, l’UNSA se félicite de la revalorisation très attendue des taux de remboursement des nuitées. C’est un premier pas mais ces évolutions ne sont pas pleinement satisfaisantes. L’UNSA revendique par ailleurs une revalorisation des remboursements des frais de repas.