Réaffirmer l'attachement à la fonction publique, en lui octroyant de véritables moyens pour accomplir ses missions. C'est le sens de la mobilisation dans les trois versants de ce 19 mars, rappelle Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA Fonction Publique.
Il est particulièrement étonnant que la mesure prise par Gabriel Attal, premier ministre et par son ministre de l’Economie consistant à supprimer 10 milliards de dépenses ne fasse pas davantage la une de l’actualité et ne fasse pas davantage débat.
10 milliards de crédit supprimés en 2024 sans aucun débat parlementaire alors que le budget avait été voté deux mois avant, 10 milliards supprimés par un simple décret après une intervention du ministre de l’Économie au journal télévisé. La méthode interroge et l’UNSA Fonction Publique la condamne.
Cette décision est unilatérale et impacte tous les ministères et champs d’intervention de l’État. Elle vise aussi la masse salariale.
Elle remet en cause les perspectives déjà tracés par l’exécutif, le Président de la République, le Premier ministre et leur ministre de la Transformation et de la fonction publique. Ils ont évoqué une nouvelle loi fonction publique, une négociation salariale annuelle, une meilleure reconnaissance des agents publics et une « désmircadisation » de la société. Pour le secteur public, plus de 5,5 millions d’agents sont directement concernés. Comment réussir si dans son budget la France ne consacre pas d’avantage de part budgétaire à la rémunération des agents alors que tous constatent un tassement de leurs salaires?
Certes, certains agents mobilisés cet été pour assurer la réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques bénéficieront, et c’est normal, d’une gratification alors qu’ils verront une part de leurs congés décalés ou supprimés. Cependant, tous les agents mobilisés doivent pouvoir en bénéficier de primes y compris ceux qui vivent une surcharge de travail en amont des JOP.
Ce n’est pas tout, le ministre de l’Économie annonce le matin du 6 mars, un nouvel effort de 12 milliards supplémentaires sur le prochain budget 2025, tout en refusant d’ouvrir le débat sur l’imposition dans notre pays. Le soir, ce même effort devient 20 milliards ! La Cour des comptes estime, de son côté, que l’effort d’économie doit être de 50 milliards en 2 ans…
Je l’ai dit, ces réductions budgétaires drastiques vont impacter toute la fonction publique en 2024 et en 2025. Elles interrogent sur la manière de faire le choix des priorités pour notre pays. De nombreux programmes sont et seront concernés. Lorsque le citoyen essaye de comprendre les conséquences directes de ces mesures, il ne peut que constater :
- 328 millions en moins pour le ministère de la Justice alors qu’il apparaissait comme étant une priorité du Président.
- 691 millions supprimés qui concernent l’enseignement scolaire et l’avenir de nos enfants.
- 2 milliards en moins pour le ministère de l’Écologie, du Développement et des Mobilités durables alors que la transition écologique est indispensable et ne peut plus attendre,
- Près d’un milliard disparu pour la recherche et l’enseignement supérieur alors que le futur se construit maintenant.
- 736 millions envolés pour la cohésion des territoires qui est pourtant une des clefs pour l’égalité républicaine.
- Plus d’un milliard va manquer au ministère du Travail pour aider au retour au plein emploi et à la formation…
- 134 millions retirés du budget de la police nationale mais qui continuera à être fortement mobilisée pour les Jeux Olympiques et Paralympiques.
- 105 millions supprimés au ministère des armées
Que d’injonctions contradictoires entre les discours et les actes ! Et surtout, comment entrer en discussion ou en négociation avec de telles perspectives ? Le gouvernement et les syndicats souhaitent ouvrir des discussions sur la rémunération des agents publics, fonctionnaires comme contractuels, sans parler d’un autre autre sujet que nous portons, celui des conditions de travail.
Je dénonce ces arbitrages qui vont impacter la capacité des services publics à mettre en œuvre l’ensemble des politiques publiques y compris celles conduites vers les moins aisés d’entre-nous. Cette politique budgétaire est aussi contraire aux investissements nécessaires pour l’avenir du pays avec ses transformations indispensables.
Les conséquences probables sur les effectifs nécessaires pour le bon fonctionnement des services publics se traduiront par une des conditions de travail détériorées. Couplées avec une absence de politique salariale, le risque est grand de ne pas pouvoir redonner de l’attractivité à la fonction publique.
Le véritable débat est donc budgétaire. Modifier la fiscalité ne doit pas être un tabou. Réviser la politique d’aide aux entreprises devient indispensable. Celle-ci coûte aux contribuables entre 162 et 200 Milliards chaque année versée sans contrepartie réelle. Cette masse d’argent peut être un gisement d’économies.
Notre pays doit réaffirmer son attachement à une fonction publique disposant de véritables moyens pour accomplir ses missions au profit du pays et de toute sa population. Les employeurs publics se doivent de mener une véritable politique salariale qui reconnait l’engagement des agents. C’est le sens de la mobilisation du 19 mars.
Luc Farré - Secrétaire général de l’UNSA Fonction Publique
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